Thierry Paniz

3 questions à Thierry Paniz, référent handicap, représentant du personnel et formateur prévention TMS à la Croix-Rouge Française
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Thierry Paniz

Thierry Paniz, 55 ans, ancien soignant reconnu travailleur handicapé, est aujourd’hui représentant du personnel, référent handicap et animateur prévention TMS au sein de la Croix-Rouge Française. Une triple casquette bien utile pour prévenir, repérer et accompagner les travailleurs en situation de handicap de l’association.

Quelles sont vos principales missions en tant que référent handicap au sein de la Croix-Rouge française ?

Mon rôle est principalement d’accompagner les salariés dans leur démarche de reconnaissance de travailleur handicapé, de faire tomber les appréhensions liées à la reconnaissance de qualité de travailleurs handicapé (RQTH), de trouver des solutions de reclassement s’il y a une incapacité de travail. Par exemple, j’ai accompagné un salarié qui était Aide Médico-Psychologique (AMP), car il est devenu inapte à ce travail. Il est aujourd’hui majordome dans mon établissement. Une autre salariée était monitrice éducatrice. Après un accident, elle a dû changer de poste. Elle est devenue employée de bureau. Comme je suis salarié de mon établissement, les autres salariés ont plus de facilité à venir me voir. Si j’étais cadre ou dirigeant, ce ne serait pas pareil. Ils ont encore le sentiment qu’il y a une épée de Damocles au-dessus de leur tête, à savoir le licenciement pour inaptitude.

Vous êtes également formateur prévention TMS. En quoi cela consiste-t-il concrètement ?

Grâce à OETH, j’ai pu bénéficier de la formation PRAP2S. Le formateur PRAP2S forme les acteurs du secteur sanitaire et social qui sont au contact du public aux risques de trouble musculo-squelettique (TMS). Je me déplace directement dans les établissements et je réalise des suivis sur le terrain. J’assiste par exemple à une toilette pour voir les manipulations faites par les collègues soignants. Je prépare ensuite des rapports sur les manipulations et les outils utilisés qui permettent d’améliorer le bien-être du résident et du salarié. Je propose aux directions des outils, comme un appareil pour faciliter l’enfilage des bas de contentions en les étirant ; c’est très utile dans les Ehpad. Autre exemple, les chariots de ménage : si l’agent doit soulever un seau, le remplir d’eau, le déplacer et le vider à de nombreuses reprises, je lui propose simplement d’utiliser un tuyau d’un mètre pour remplir le seau. Avec une petite vanne pour vider le tout ensuite. Le port de charge tombe à zéro, plus de mal de dos. Il peut donc s’agir de solutions bricolées sans nécessairement prévoir de lourds investissements. Les bureaux sont parfois inadaptés : le téléphone du mauvais côté, les fauteuils mal ajustés… Il faut donc être à l’écoute du salarié. Je mène des observations spécifiques sur le terrain. Cela évite beaucoup d’accidents de travail.

Dans quelle mesure votre mandat de représentant du personnel vous aide-t-il à accomplir vos autres missions au service des travailleurs en situation de handicap ?

Mon mandat au sein des Instances Représentatives du Personnel (IRP) est très important dans mon travail de référent handicap. Je suis au courant de tous les accidents de travail dans mon établissement. Je téléphone, je prends le temps avec les salariés ; je demande s’il y a eu un problème d’outil ou si c’est autre chose. Ces prises de contact directes permettent de voir s’il y a des petits ou des gros problèmes qui vont nécessiter un accompagnement. Cette double casquette aide à mettre en place des adaptations plus rapidement et souvent en amont, notamment pour les RQTH. Je demande aux salariés s’ils souhaitent se reconvertir ou rester à leur poste dans l’établissement. Je leur propose des solutions.

Mon histoire personnelle m’aide également dans mon travail. Les salariés savent que je comprends leur situation car je suis passé par là. Je leur dis : « Avant, je me sentais plus fort que tout le monde. Après, j’ai eu mon accident. Ensuite, j’ai retrouvé un emploi, car j’ai posé les bonnes questions. Aujourd’hui, je suis reconnu travailleur handicapé, je n’ai pas de fauteuil, mais je suis un travailleur handicapé. Je suis en face de vous et vous pouvez faire pareil, il faut juste le vouloir. 

Entretien réalisé lors des 30 ans de l'association OETH en 2021.